En cette Journée internationale des droits des femmes, la Ville de Gatineau souligne la contribution de huit femmes ayant marqué l'histoire de Gatineau, qui sont présentes dans la toponymie de la ville. Découvrez l'histoire de ces figures importantes du patrimoine en l'honneur desquelles les lieux suivants ont été nommés.
[Rue Diane-Aldred, secteur d'Aylmer]
Diane Hay Aldred (1941-2003) est née en 1941 et a grandi dans la petite communauté rurale de Breckenridge, située à dix kilomètres à l'ouest d'Aylmer. Elle est particulièrement reconnue pour son engagement dans la protection et la mise en valeur du patrimoine d'Aylmer. En 1974, elle devient l'un des membres fondateurs de l'Association du patrimoine d'Aylmer. Diane Aldred est aussi l'auteure de deux ouvrages sur l'histoire de la ville d'Aylmer : Aylmer. Québec : Its Heritage / son patrimoine publié en 1977 (réédité en 1978 et 1989) et Le Chemin d'Aylmer : une histoire illustrée / The Aylmer Road: An Illustrated History paru en 1994. Ces ouvrages de référence ont beaucoup contribué à sensibiliser les citoyens de la région à la richesse du patrimoine d'Aylmer.
Également très attachée au patrimoine naturel, madame Aldred a entrepris des démarches pour céder à Conservation de la nature Canada les terres héritées de sa famille. Elle désirait ainsi préserver les espèces rares que l'on y retrouvait, notamment l'ail des bois et la rainette faux-grillon de l'Ouest. Diane Aldred étant décédée avant d'avoir pu mener son projet à terme, c'est son mari qui conclut le don l'année suivante. Diane Aldred est décédée le 22 janvier 2003. La Ville de Gatineau l'a honorée à titre posthume pour sa contribution à la mise en valeur du patrimoine gatinois. L'Association du patrimoine d'Aylmer a également honoré Diane Aldred en inaugurant, en juin 2007, une plaque de bronze située devant l'ancienne chapelle méthodiste du canton de Hull au 495, chemin d'Aylmer.
📸 Gracieuseté de la Famille Aldred.
[Boulevard Louise-Campagna, secteur de Hull]
Louise Campagna (1934-2006) est née en 1934 à Sainte-Anne-de-la-Pocatière (Québec). Elle est la fille d'Elzéar Campagna (1898-1987), doyen de la Faculté d'agriculture de l'Université Laval et fondateur de la Station provinciale de recherches des buissons. Elle détient une maîtrise en psychologie de l'Université d'Ottawa et s'engage activement dans le domaine de l'ornithologie. Elle œuvre pendant plusieurs années comme bénévole au Club des ornithologues de l'Outaouais, principalement comme guide d'excursions sur le terrain, où son approche rigoureuse est grandement appréciée. Elle faisait assidûment la promotion de la connaissance des oiseaux, principalement en Outaouais. Louise Campagna est décédée à Ottawa (Ontario) en 2006. Le Club des ornithologues de l'Outaouais a nommé le Fonds commémoratif Louise-Campagna en son honneur.
📸 Gracieuseté du Club des ornithologues de l'Outaouais/Gérard Desjardins.
[Rue Edna-Charette, secteur de Buckingham]
Née en 1910, Edna Charette était connue à Buckingham pour son grand engagement et son dévouement dans la communauté. Surnommée « la mère des pauvres » ou encore « la mère Teresa de Buckingham », elle fonde en 1976 le Centre d'entraide des aînés de Buckingham. Elle est également la fondatrice de la Table de Bethléem, un organisme de bienfaisance qui offre gratuitement des repas, le midi, à de jeunes enfants de l'école primaire durant la période scolaire.
En 1991, Edna Charette reçoit le prix « Bénévolat Canada 1991 » du ministère de la Santé nationale et du Bien-être social du Canada ainsi que le prix de « Bénévole de l'année » de Centraide Outaouais. Dix ans plus tard, Centraide Outaouais renomme ce prix le prix « Edna-Charette », en son honneur. Décédée le 24 juin 2008 à l'âge de 98 ans, Edna Charette reçoit un hommage posthume pour son dévouement dans la communauté, avec l'inauguration de la salle « Edna-Charette » du centre communautaire de Buckingham. La cafétéria de l'école Saint-Michel porte également son nom.
📸 Mme Charette [1997]. Photo : Michel Lafleur, Université d'Ottawa, CRCCF, Fonds Le Droit (C71). C71-Ph92-971217-248.
[Bibliothèque Lucy-Faris, secteur d'Aylmer]
Lucy A. Faris (1855-1924), bienfaitrice et fondatrice de la première bibliothèque d'Aylmer, est membre de l'une des premières familles qui s'installent à Aylmer. En provenance de New York, son père, John Faris (1808-1897), s'établit en 1826 dans ce qui deviendra la municipalité d'Aylmer. Il épouse Mary Benedict (1816-1908) en 1832. Le couple aura onze enfants, dont Lucy, née le 25 août 1855. Ayant habité toute sa vie à Aylmer, Lucy Faris est une passionnée de lecture. Croyant fermement que tous les citoyens de sa communauté avaient le droit d'accéder à la lecture et, ultimement, à l'éducation, elle avait pour vision de créer une fondation possédant suffisamment d'argent pour mettre sur pied une bibliothèque dans la ville d'Aylmer. À son décès en 1924, Lucy Faris laisse dans son testament, en mémoire de son père, une somme d'argent pour l'établissement d'une bibliothèque municipale. Les instructions de son testament, exécutées en 1938, ont permis d'établir un fonds et de faire un don inaugural de 220 livres pour la création d'une première bibliothèque publique à Aylmer.
📸 Ville de Gatineau, Fonds de la Famille John-Faris.
[Chemin Lebaudy, secteur de Gatineau]
Née le 27 juillet 1847 à Lyon (France), Amicie Piou (1847-1917), bienfaitrice du collège Saint-Alexandre et instigatrice du Fonds de Madame Jules Lebaudy, est issue d'une famille de la grande bourgeoisie provinciale française. Fille de Constance Piou et de Palmyre Le Dall de Kéréon, elle épouse en 1865, à l'âge de 16 ans, le financier Jules Lebaudy, considéré comme l'une des plus grandes fortunes de France à l'époque. Femme érudite, elle monte à Paris où elle tient un salon fréquenté par les grandes familles catholiques et écrit des ouvrages sous le pseudonyme masculin de Guillaume Dall.
Lorsqu'en 1882, Jules Lebaudy cause, en jouant à la bourse, la faillite d'une banque catholique et de ses milliers de petits épargnants, Amicie prend conscience des actes de son époux. Considérant que la fortune dont elle hérite à la mort de son mari est un legs « d'argent sale », elle décide de consacrer ses revenus à des œuvres sociales qu'elle dirige de son petit appartement de deux pièces à Saint-Lazare.
Elle finance en 1899 la fondation du Groupe des Maisons Ouvrières (la future Fondation de Madame Jules Lebaudy), un organisme qui œuvre à la construction d'immeubles salubres pour les familles ouvrières plus modestes de Paris et de sa banlieue. Elle devient l'insigne bienfaitrice du Collège Saint-Alexandre de Gatineau lorsqu'elle donna au Mgr Alexandre Le Roy la somme de 200 000 $ pour l'achat d'une propriété et l'établissement d'une école d'agriculture au Québec. L'Institut colonial Saint-Alexandre est inauguré le 11 juin 1905. Sept ans plus tard, la congrégation du Saint-Esprit fonde le Collège apostolique Saint-Alexandre, incorporé en 1914 en vertu des statuts de la province de Québec. Affilié à l'Université Laval, il est considéré comme l'un des meilleurs collèges classiques au Québec jusqu'en 1967, alors que le Collège devient un établissement d'enseignement secondaire privé.
Restée dans l'anonymat jusqu'au lendemain de sa mort, Amicie Piou, veuve de Jules Lebaudy, décède le 3 mai 1917, à Paris. Elle est aujourd'hui considérée comme l'une des pionnières du logement social à Paris, où sa fondation loge encore aujourd'hui plus de 6500 personnes.
📸 Fondation Amicie Lebaudy.
[Rue Laurette-Routhier, secteur de Masson-Angers]
Laurette Routhier (1900-1987), femme d'affaires d'Angers, est née le 13 février 1900 à Angers. Fille d'Henri Routhier et d'Adéla Lemieux, elle épouse Joseph Lionel Legault le 1er août 1922. Laurette et son époux étaient propriétaires d'un magasin général et d'un hôtel situés sur la rue du Progrès. Le magasin offrait le service postal et le service de restauration ainsi qu'un comptoir de la Banque Provinciale. Laurette Routhier est décédée le 10 octobre 1987 et est inhumée au cimetière d'Angers, aux côtés de son époux.
[Quai-Claircée, secteur de Gatineau]
Claircée Séguin, née Marie-Claire Delorme (1839-1917), aussi connue sous les noms de « Clercée », « Clarisse Séguin » et « veuve Clarisse Séguin », est née le 13 octobre 1839 à Saint-André-d'Argenteuil au Québec. Le 28 août 1861, elle épouse Jean-Noël Séguin dit Ladéroute (1822-1883), un journalier. De leur union naîtront dix enfants. À la suite du décès de son époux, elle reprend l'entreprise de ce dernier et devient traversière de chaland, un bateau non ponté à fond plat, utilisé pour transporter les marchandises entre Pointe-Gatineau et Rockcliffe, en Ontario. La famille Séguin exploitera ensuite le traversier pour faire la navette entre ces deux localités de 1878 à 1984, soit pendant plus de cent ans. Des coupures de presse retrouvées dans les archives personnelles de Claircée Séguin témoignent de la réputation et de la bravoure de cette famille, responsable de centaines de sauvetages sur la rivière. Les journaux de l'époque révèlent que le fils de Claircée Séguin, David Séguin (1875-1953), aurait à lui seul sauvé la vie de 600 personnes. Marie-Claire « Claircée » Séguin est décédée à Pointe-Gatineau le 20 juillet 1917 à l'âge de 77 ans.
[Rue Abigail, secteur de Hull]
Abigail Wyman est née à Charlestown (Woburn), en Nouvelle-Angleterre, le 20 août 1760. Fille aînée de John Wyman III et d'Abigail Wright, cousine de Philemon Wright, fondateur de Hull, elle est élevée dans une communauté puritaine et grandit sur la ferme de son père. Le 16 mai 1782, elle épouse Philemon Wright, avec qui elle aura 8 enfants.
Abigail arrive à Hull le 7 mars 1800 avec son mari et leurs enfants âgés de deux à dix-huit ans. Trois ans après son arrivée à Hull, Abigail donna naissance à une fille, Christiana, qui serait, dit-on, la première enfant née à Hull. Abigail Wright est décrite comme étant une femme courageuse et pieuse, qui croyait en l'importance de l'éducation des jeunes enfants. Elle joua sans aucun doute un rôle important dans les affaires familiales aux côtés de son mari ainsi qu'auprès des pionniers qui les avaient accompagnés, elle et son mari, offrant soins et support à sa communauté.
Abigail Wyman est décédée le 23 janvier 1829 à l'âge de 68 ans. Elle repose avec son époux et d'autres membres de la famille Wright au cimetière St. James, situé sur le boulevard Alexandre-Taché, à Gatineau.
📸 Bibliothèque et Archives Canada, Collection de la Famille Wright (no d'acquisition 1946-156-2).
Diane Aldred
Rapport d'analyse, Comité de toponymie, Ville de Gatineau, 6 septembre 2006.
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Reconnue pour sa qualité de vie, Gatineau est une ville de 291 000 habitants. Elle est située sur la rive nord de la rivière des Outaouais, et s'étend à l'est et à l'ouest de la rivière Gatineau.