Native de l'Outaouais, Kathleen Durocher a grandi dans les quartiers de Hull et d'Aylmer, empruntant souvent le boulevard des Allumettières, sans imaginer qu'un jour elle deviendrait la référence incontournable sur ces femmes remarquables. C'est d'ailleurs en se questionnant sur ce toponyme que ses premières réflexions sur la méconnaissance de ces femmes naquirent en elle.

C'est en poursuivant des études universitaires que sa passion pour les luttes syndicales et les figures féminines méconnues de la région a pris son envol. Épaulée par son mentor, l'historien Michel Prévost, elle est guidée par un désir de décloisonner l'histoire et de la rendre accessible au grand public. Son travail colossal de recherches et de documentation sur ces femmes méconnues présente leurs familles, leurs maisons, leurs luttes ainsi que leurs réussites et leurs échecs. Madame Durocher se concentre aussi sur l'utilisation néfaste du phosphore blanc, un produit chimique employé dans la fabrication des allumettes, et sur l'interdiction progressive de cette substance toxique.

Soulignons son ouvrage Pour sortir les allumettières de l'ombre. Les ouvrières de la manufacture d'allumettes E. B. Eddy de Hull (1854-1928), publié par Les Presses de l'Université d'Ottawa. L'autrice fut récompensée pour cet ouvrage en 2022 par le Prix d'auteurs pour l'édition savante de la Fédération des sciences humaines.

L'impact de ses recherches dépasse les pages de ses publications. Grâce à elle, les allumettières sont désormais inscrites dans le programme d'histoire de 4^e secondaire au Québec et elles sont devenues un marqueur identitaire pour Gatineau et la région. Ses recherches ont également conduit à des avancées significatives dans la toponymie gatinoise, menant à la désignation de lieux tels que la rue Alzire-Deschenes, la rue Georgina-Cabana, la place des Contremaîtresses et la bibliothèque Donalda-Charron, honorant ainsi ces femmes et leur héritage.

Conférencière prolifique et vulgarisatrice engagée, elle présente depuis 2018, en collaboration avec la Ville de Gatineau, des visites guidées emblématiques. Symboliquement, ces visites débutent sur boulevard des Allumettières, racontant avec passion l'histoire de ces ouvrières et de leurs luttes pour la justice sociale.

Elle s'est avérée une collaboratrice hors pair dans le cadre des célébrations commémorant le centenaire du 2^e conflit ouvrier ayant opposé les allumettières à la E.B. Eddy, contribuant à l'inauguration d'un nouveau repère commémoratif à la place des Contremaîtresses, en plus de s'impliquer dans plusieurs autres activités, célébrant le courage et la résilience de ces femmes.

Aujourd'hui, Kathleen Durocher poursuit ses recherches sur l'histoire des femmes marginalisées, ouvrières et domestiques de la région, tout en continuant de transmettre son savoir par des conférences, des publications et des projets communautaires.

Cette historienne engagée a su sortir les allumettières de l'ombre et transformer leur mémoire collective en une source de fierté pour l'Outaouais. La Ville de Gatineau est fière de souligner l'apport remarquable de Kathleen Durocher en lui remettant un certificat honorifique pour l'ensemble de son travail.

Kathleen Durocher

Depuis 1978, la Société de généalogie de l'Outaouais (SGO) s'impose comme un pilier de la préservation et de la transmission du patrimoine familial et documentaire de notre région. Fondée par un groupe de dix passionnés, cette organisation repose toujours sur les épaules dévouées de ses bénévoles, témoignant d'un esprit communautaire exceptionnel.

Avec plus de 80 bénévoles actifs et un réseau de 540 membres, la SGO incarne l'engagement, le partage et la passion. Ces bénévoles, qu'ils soient administrateurs, assistants en salle de recherche, archivistes ou organisateurs d'événements, assurent un service de qualité dans un environnement chaleureux et accessible.

La mission de la SGO est de rendre la généalogie accessible à tous, en offrant des outils de recherche modernes, des formations adaptées, et des conférences mensuelles qui nourrissent la curiosité des chercheurs, novices comme experts. Grâce à des collaborations fructueuses, notamment avec Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ), la SGO met à disposition des ressources inestimables pour explorer et documenter les histoires familiales.

Parmi ses initiatives récentes, la SGO a lancé un concours d'écriture invitant des étudiants collégiaux à raconter les récits de leurs familles qui sont venues s'installer à Gatineau. Ce projet, couronné par la publication d'un recueil de 24 textes, lancé en 2024, démontre la capacité de la SGO à tisser des liens intergénérationnels et à stimuler l'intérêt des jeunes pour leurs histoires familiales.

Depuis ses débuts, la SGO a su s'adapter aux défis d'une société en évolution. Face à la disparition des journaux traditionnels, elle a mis en place des ateliers virtuels, des conférences hybrides, et un plan de diffusion renouvelé pour atteindre un public plus large. Elle a aussi su innover avec des activités éducatives destinées aux écoliers, cherchant à transmettre la passion pour la généalogie à une nouvelle génération.

Le travail de la SGO ne se limite pas à Gatineau et à l'Outaouais. Grâce à des outils de recherche internationaux, elle permet de remonter jusqu'à plusieurs générations, reliant les familles d'ici à leurs racines aux quatre coins du monde. À travers ses projets, elle contribue à la promotion et à la diffusion du patrimoine documentaire, tout en honorant les bâtisseurs, les pionniers et les prédécesseurs qui ont façonné notre région.

Pour ses 45 années de service et pour sa contribution essentielle à la préservation de la mémoire collective et familiale de l'Outaouais, la Ville de Gatineau est fière de remettre ce certificat honorifique à la Société de généalogie de l'Outaouais.

Société de généalogie de l'Outaouais

Native de la région, Lynne Rodier a consacré sa vie à l'éducation, à la valorisation du patrimoine et à la transmission de l'histoire régionale. Professeure dévouée de 1983 à 2019 à la Commission scolaire des Draveurs, elle a marqué des générations d'élèves, tant au primaire qu'au secondaire, en les initiant à l'histoire avec passion et créativité.

Inspirée dès son jeune âge par sa mère, qui déplorait le peu d'attention accordé à l'histoire régionale, Lynne Rodier a su transformer cette préoccupation en une véritable mission. Elle a d'abord innové en initiant ses élèves au patrimoine dès ses premières années d'enseignement, notamment par le biais de projets éducatifs comme ceux menés avec la Fondation CRB (devenue Historica), où elle a fait découvrir à ses élèves la richesse de l'histoire locale à travers des expositions et des activités immersives.

Visionnaire et pédagogue hors pair, elle a collaboré à la création de ressources éducatives essentielles, notamment la série de manuels En temps et lieux, utilisés dans les programmes scolaires à travers tout le Québec. Ce travail, fruit de son expertise et de sa passion pour l'univers social, a permis de pallier l'insuffisance de matériel pédagogique en histoire et géographie.

En 2005, Lynne Rodier a lancé le programme CEP (Culture, Éducation, Patrimoine), qu'elle a dirigé pendant plus de 12 ans. Ce programme novateur offrait aux élèves du secondaire des expériences uniques telles que des rallyes photo, des activités d'initiation à l'archéologie, des randonnées en rabaska et des conférences, tout en incitant ses élèves à produire des recherches et des rapports approfondis sur l'histoire régionale. Parallèlement à son travail en enseignement, elle a complété une maîtrise en histoire et participé à l'élaboration de plusieurs sites Web de vulgarisation historique toujours accessibles.

Après sa retraite de l'enseignement secondaire en 2019, Lynne Rodier se consacre à ses études doctorales portant sur la recherche-action participative et sur l'approche écomuséale dans la préservation du paysage culturel des rapides Deschênes avec la communauté. Elle s'implique activement au sein d'organismes comme l'Association des résidents de Deschênes et l'Association du patrimoine d'Aylmer, en plus de siéger à de nombreux conseils d'administration.

Lynne Rodier continue de transmettre sa passion en tant que conférencière, animatrice de visites guidées, administratrice d'organismes voués au patrimoine et chargée de cours à l'UQO. Elle s'implique activement au sein de divers projets comme l'inventaire photographique des maisons patrimoniales et la toponymie régionale. Elle travaille sans relâche pour inspirer la relève et préserver la mémoire collective. Pour elle, l'histoire est bien plus qu'un récit : elle est la clé pour reconnaître et développer notre qualité de vie.

C'est pour l'ensemble de sa carrière que la Ville de Gatineau est fière de remettre un certificat honorifique à Madame Lynne Rodier, pour son apport inestimable à la préservation et à la transmission de notre histoire régionale.

Lynne Rodier

Depuis plus de 15 ans, le Réseau du patrimoine de Gatineau et de l'Outaouais (RPGO) incarne une force motrice dans la préservation, la valorisation et la diffusion du patrimoine de l'Outaouais. À travers son rôle de soutien aux organismes membres, ses projets structurants et son engagement à préserver notre mémoire collective, le RPGO s'affirme comme un acteur clé pour le dynamisme du milieu patrimonial régional.

Le RPGO rassemble un ensemble de membres institutionnels et de membres individuels passionnés, piloté par une équipe dédiée et érudite. Au travers des années, c'est plus de 80 personnes, employés, bénévoles et membres du conseil d'administration qui se sont relayé la mission du RPGO, soit d'être un agent de liaison, de concertation et de réseautage entre les différents organismes en patrimoine de la région.

Parmi ses réalisations marquantes figurent les expositions virtuelles Sur les traces du patrimoine et Regard sur des familles pionnières d'ici et l'orchestration des activités entourant le passage de Champlain dans la région, La rivière des Outaouais : 400 ans de rencontres. Notons également le rallye numérique Le secret du radeau de bois, destiné aux écoliers de la région.

Grâce à sa vision d'ensemble et à son expertise, le RPGO a également joué un rôle de catalyseur pour la création du Musée régional de l'Outaouais, en accompagnant ce projet depuis ses premières étapes jusqu'à son autonomie complète. Le RPGO est depuis ses débuts au service de ses membres : il les appuie dans leur mission respective, représente leurs intérêts et agit comme vecteur de concertation. En plus du soutien direct que le RPGO a offert à ses membres au cours des années, le Réseau a mené des projets qui ont eu un impact structurant pour les organismes et pour le milieu du patrimoine en Outaouais.

Le RPGO est aussi le moteur d'événements rassembleurs, comme le Salon du patrimoine de l'Outaouais, qui fêtera sa 26^e édition en mai 2025 à Aylmer. Cet événement phare, alternant chaque année entre Gatineau et d'autres régions de l'Outaouais, continue de croître en popularité et en impact, offrant une plateforme unique pour découvrir, partager et célébrer notre histoire collective. Le Salon du patrimoine de l'Outaouais offre l'occasion aux différents organismes, archivistes, recherchistes et citoyens passionnés du milieu du patrimoine de se réunir afin de partager leurs passions et leurs découvertes.

En reconnaissance de son apport inestimable à la préservation, à la concertation et à la promotion du patrimoine régional ainsi que de ses nombreuses initiatives, la Ville de Gatineau est fière de remettre un certificat honorifique au Réseau du patrimoine de Gatineau et de l'Outaouais. Ce geste symbolise l'importance de son engagement et sa contribution à la richesse culturelle de notre région.

Réseau du patrimoine de Gatineau et de l'Outaouais

Au début de l'année 2020, Myriam et Nicolas cherchaient une maison spacieuse avec un grand terrain non loin de leur lieu d'habitation pour leur famille de quatre enfants. Forts de leurs habiletés manuelles, Myriam et Nicolas ne craignaient pas les travaux de rénovation. Après plusieurs recherches, le couple a un coup de coeur pour le 15, rue Hanson, construit entre 1874 et 1880, qui présentait un intérêt patrimonial indéniable, mais était en manque d'amour. La maison fait partie du site patrimonial Hanson-Taylor-Wright constitué par une forte concentration de demeures ouvrières et bourgeoises érigées entre 1871 et 1915 dont les caractéristiques anciennes sont généralement bien conservées. Depuis quelques années, le 15, rue Hanson s'enlisait dans une détérioration avancée tandis que le voisinage assistait impuissant à sa dégradation.

Le couple entreprend avec passion et détermination un projet de restauration pour remettre en état les éléments extérieurs et intérieurs. Dans cette entreprise, ils ont dû faire face à de nombreuses contraintes (permis, approvisionnements, entrepreneurs) et aux augmentations répétées des coûts de construction. Parmi les importants travaux réalisés, soulignons la reconstruction de la galerie endommagée et démolie en raison du risque pour la sécurité qu'elle posait. La nouvelle structure respecte en tous points celle d'origine : dimensions, couleurs et conception identiques, à l'exception des garde-corps et des poteaux en fer forgé qui ont été remplacés entièrement par du bois plus traditionnel. Deux belles portes d'origine avec leurs impostes donnant sur les deux niveaux de la galerie ont aussi été restaurées. Les deux contre-portes d'aluminium ont été remplacées par des contre-portes en bois vitrées afin de mettre en valeur les portes d'origine. Soucieux de la valeur patrimoniale de leur nouvelle maison, Myriam et Nicolas ont investi, sans compter, temps et énergie dans la réussite du projet de restauration. Myriam, en pause professionnelle pendant la période des travaux, a suivi minutieusement chaque étape. Elle a réalisé une partie des dessins de la galerie, insisté sur le choix des pièces et matériaux, et veillé sur les entrepreneurs qui ne semblaient pas toujours considérer l'aspect patrimonial du bâtiment.

Le résultat, après plus d'une année de travaux, est à la hauteur des efforts investis. Myriam et Nicolas sont surtout fiers d'avoir redonné un cachet esthétique et une nouvelle vie à cette maison qui semblait autrefois mal vue dans le quartier. Le couple est aussi reconnaissant envers tous les voisins qui ont bien voulu leur donner des astuces pratiques, des conseils et des références. Le projet de restauration aura contribué à la régénération de tout le coin sud des rues Hanson et Murray. Appuyé dès le début par l'Association du patrimoine du ruisseau de la Brasserie, le projet a aussi été l'occasion pour la famille de nouer des liens étroits avec le voisinage et de s'intégrer plus solidement dans la communauté.

Myriam Cramet et Nicolas Fontaine